Retour à River Falls

Roman policier/thriller d’Alexis Aubenque.

Un lecteur embrumé.

Le journaliste de guerre Stephen Callahan revient dans sa ville natale de River Falls, dans l’Ouest des Etats-Unis. Pour se ressourcer officiellement, et vivre plus proche de sa famille pendant un temps. Dans cette même ville, le shérif Mike Logan dirige la police locale. Lui aussi est revenu il y a peu pour se faire réélire shérif. L’été coule indolent, les vacances universitaires sont là. Mais le crime n’a pas pris de vacances : le cadavre d’une adolescente est retrouvé dans les bois, dans une mise en scène à goût ésotérique. Théâtre des actes d’un tueur en série il y a quelques années, la paisible ville universitaire attire les médias du monde entier et la tension monte. Mike Logan, qui avait déjà arrêté le tueur il y a quelques années, peut-il empêcher une nouvelle série de meurtres ? Sa compagne, la profileuse du FBI Jessica Hurley pourra l’y aider, mais il n’est pas exclu que S. Callahan (employé au journal local) puisse aussi les aider. Le coupable se trouve-t-il parmi les artistes du cirque qui vient d’arriver en ville ?

Un auteur qui a démarré dans la SF (et le clin-d’œil aux grands auteurs du genre est sympathique p. 192 quand S. Callahan consulte la bibliothèque de son ancienne petite amie) avant de passer au policier, voilà qui soulevait un peu de curiosité. Nous pensions la collection Milady de Bragelonne orientée vers la littérature destinée à un public jeune et féminin (type littérature de vampire adolescent), ce qui cadrait pas avec le style affiché et qui nous a donc interpellé. Mais le vocabulaire choisi par endroits nous a convaincu qu’un public adolescent n’était pas forcément recherché, et il nous a donc fallut réviser notre jugement.

Disons-le de suite, ce n’est pas de la grande littérature. Si ce n’est pas non plus une lecture désagréable ou ennuyeuse, on enfonce quelques portes ouvertes (les dialogues ne font pas pousser des cris d’extase) dans ce roman et on ne cherche pas l’esthétisme. A. Aubenque use aussi de poncifs : pour lui on ne peut que croupir en prison (p. 322), avoir des poulains dans une salle de boxe (p. 327) et les Amish sont forcément des arriérés (p. 29). On saupoudre le tout de réflexions improbables (panem et circenses, p. 328), de remarques qui tombent à plat (p. 429), de placement de produits (des marques d’appareil photo ou de voitures qui ne rendent pas le récit plus naturaliste, pesant p. 99), voire d’incohérences (le shérif roule à fond et est dépassé par des ambulances p. 412 ou un ORL qui ausculte des poumons p. 145) et on obtient un roman pas déplaisant, qui par moment fait même tourner des pages, mais bancal (y compris la fin).

Ce qui plombe l’ensemble à notre sens, c’est que chaque personnage se résume à son traumatisme. Il n’y a ainsi plus de personnages « normaux » et leur profondeur est assez relative. Stephen Callahan n’est de plus pas d’une finesse psychologique à toutes épreuves (p. 419) …

D’un autre côté, l’auteur utilise dans son roman (partie d’une série mais lisible de manière autonome) des thématiques étatsuniennes contemporaines (où est-ce l’impression que celles-ci donnent de ce côté de l’Atlantique ?), comme les violences policières ciblant les Noirs (p. 123) ou le terrorisme islamiste (p. 407), ce qui crédibilise son récit.

Ce roman nous a donc détrompé sur le contenu de la collection, mais hélas déçu par son contenu, trop basé sur des archétypes fatigués.

(un t-shirt des Metallica comme on dit un t-shirt de Beatles p. 347 … horrible … 5,5)

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