Le Golem

Roman fantastique de Gustav Meyrink.

Un labyrinthe de brumes et de marches.

Au début du XXe siècle, un homme de passage à Prague lit une biographie de Bouddha Gautama avant de se coucher. En peu de temps, le voici qui passe dans un monde onirique le renvoyant une trentaine d’année en arrière, au même endroit, dans le quartier juif de Prague. Il se coule dans le corps de Athanasius Pernath, tailleur de gemmes à la fin du XIXe siècle. Celui a oublié son passé, mais quelques éléments commencent à lui revenir quand une dénommée Angelina, qui semble être une amie d’enfance, vient l’implorer de l’aider. Second élément inhabituel dans une vie bien rangée, un mystérieux visiteur est venu lui commander la restauration d’un livre, appelé « Livre d’Ibbour ». Problème, Pernath ne se souvient plus qui était ce visiteur, ni pour quand il doit accomplir le travail. Aidé de ses amis, il tente d’y voir plus clair avant de les accompagner au café et de se déplacer dans Prague mais surtout de rencontrer divers personnages du quartier, de sa rue ou de son immeuble : Aaron Wassertrum le brocanteur qui ne vend jamais rien, Charousek l’étudiant en médecine, Schemajah Hillel l’archiviste de l’hôtel de ville juif avec sa superbe fille Myriam, Rosine-la-Rousse, les jeunes délinquants Loisa et Jaromir. Pernath est ballotté de défaillances en évanouissements, d’expériences mystiques en découvertes dans les sous-sols de la ville juive, cherche à contrer les menées de Wassertrum et se retrouve à aimer deux femmes. Sous une accusation de meurtre, il passe même plusieurs mois en prison, ayant refusé d’avouer. Coupé de tout, tant de choses auront changé à sa sortie …

Sur un très vague fond de légende juive praguoise, ce roman du symbolisme tardif joue avec les vapeurs, les demi-lumières et la neige, la folie et le sommeil. Le héros ne décide pas de grand-chose et ne peut qu’acter le fait qu’il en sait plus sur lui à la fin du roman qu’au début. Mais comme le héros n’est pas vraiment le narrateur, sans que l’on ne sache in fine qui il est. Toujours est-il que le livre peut être vu comme non seulement peu sympathique avec les roux (p. 39) mais surtout antisémite. La description de la très grande majorité des juifs est très dépréciative et les deux personnages de Hillel (visiblement un tzadik) et Myriam arrivent finalement très tard pour contrebalancer ce sentiment. Le long passage de la prison ressemble à de la torture, dans une ambiance plus proche du naturalisme que de l’absurde. C’est très bien écrit, avec un certain maniérisme dans les dialogues (très visible p.170-177 par exemple) et dévoile certaines connaissances de l’auteur dans tout ce qui est occultisme. Si la fin est classique et attendue, elle n’est pas pour autant à rejeter, loin de là, avec sa félicité de goût classico-paradisiaque. Un très bon roman doté d’une introduction très bien faite (écrite par le traducteur), mais qui défie une description précise …

(on sonne les cloches de la synagogue p. 74 …8)

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