9th-2nd centuries BC
Précis sur les armes et les armées étrusques par Raffaele d’Amato et Andrea Salimbeti.
Illustrations de Giuseppe Rava.
L’éditeur Osprey est très apprécié des figurinistes qui y trouvent pour monter leurs armées des renseignements sur le contexte et l’ordre de bataille de l’armée qu’ils ont choisi de peindre mais aussi des illustrations très bien documentées qui rendent crédibles leurs créations. Mais comme chaque tome est basé sur la même trame, il peut parfois manquer la plasticité nécessaire dans le cas d’armées ou de peuples dont on ne sait pas grand-chose, ou du moins pas assez pour en faire un livre court et abordable à tous les publics.
C’est le cas de celui-ci. Les seuls éléments surs étant matériels, ceux apportés par la recherche archéologique, il s’en suit un déséquilibre inévitable mais que les auteurs (certes avec de nombreuses cordes à leurs arcs mais pas spécialistes de la question) essayent de masquer de leur mieux. Tout découle du fait que la question cruciale des sources n’est jamais abordée, ce qui conduit à des affirmations péremptoires, allant jusqu’à la phantasmagorie.
Le livre est constitué de deux parties de manière chronologique : la première partie est dévolue à la période dite villanovienne (Xe-IXe siècle a.C.) et la seconde considère la période s’étalant du VIIIe au IIe siècle a. C. (appelée faussement ici classique). Une rapide mise au point contextuelle (mangée par le vieux débat de l’origine des Etrusques) et une chronologie très discutable ouvrent le volume.
Puis chaque partie est construite sur le même modèle. On commence par un petit point sur la sociologie, avant de s’intéresser à la composition et l’organisation des armées et aux tactiques employées. Une deuxième sous-partie détaille les armes et les équipements, distinguant les armes offensives des armes défensives, pour finir par les symboles de rang et l’habillement. La partie dite « classique » est la seule à bénéficier d’une section sur la musique.
Commençons par les points positifs. Les parties sur l’armement et particulièrement sur les armures en lin ou à lamelles sont du plus grand intérêt, appuyés sur de nombreuses illustrations (de manière générale, et comme toujours chez Osprey, le volume est richement illustré avec souvent de belles planches couleurs pleine page de reconstitutions). Le parallèle entre certaines lances villanoviennes en forme de flamme de bougies avec des points retrouvées à Olympie éveille la curiosité. De même les auteurs font sagement le choix de ne pas considérer les chars étrusques comme autre chose que des moyens de locomotion prestigieux (p. 28).
Mais du côté historique, organisationnel et tactique, c’est pas loin d’être catastrophique. Faute de donner au lecteur l’état de la documentation, on le balade. Virgile devient une source historique indiscutable (p. 28), les libri rituales, codification religieuse dont on a que des bribes, seraient censés parler de l’organisation militaire des cités (p. 31), on imagine des unités militaires spécialisées dans l’utilisation de haches doubles sans la moindre trace écrite (p. 42) … Dans les illustrations de G. Rava, les guerriers sont parfois dotés de peinture rouge sur le visage et les bras (p.8 pour l’explication), sans que là encore on puisse trouver une source. Certes, il y a le rouge sur les joues du triomphe romain, mais c’est tout de même très différent. Tout est résumé dans l’aveu de la p. 25 : on ne sait pas comment combattaient les Etrusques, donc ils combattaient sûrement comme des hoplites grecs … La question de la naissance du combat manipulaire reste débattue mais il n’est pas inconcevable que les Etrusques aient pu y participer. L’utilisation soutenue de termes techniques grecs n’aide pas non plus le lecteur à se distancier de ce modèle grec envahissant.
« Work in progress » nous dit-on p. 39 …
(la ville de Corneto ne s’appelle plus ainsi depuis 1922 … 4,5/5)