Barkouf

Livret d’Eugène Scribe et Henry Boisseaux sur une musique de Jacques Offenbach.
Production de l’Opéra du Rhin.

La petite maison dans la librairie.

A Lahore, être caïmacan n’est pas une sinécure. Les dix derniers dans l’année écoulée ont été défenestrés par la population. Le Grand Mogol, qui a pour principe d’empaler d’abord et de poser des questions ensuite, a décidé de reprendre les choses en main et va donc faire une visite à la ville. Maïma la fleuriste orpheline et Balkis la vendeuse d’oranges préparent sa venue. Bababeck le grand vizir se prépare aussi, avec l’aide de son eunuque Kaliboul : c’est peut-être enfin le moment de devenir caïmacan ! La remuante population lahoraise s’échauffe à nouveau, dont le gredin Xailoum qu’aime Balkis. Arrive le Grand Mogol. Maïma reconnaît dans sa suite son ancien amant et le chien qui l’a protégé après la mort de son père. Saëb, l’ancien amant, est en revanche promis à la fille de Bababeck, la dénommée Périzade.  Quand Saëb reconnait Maïma, il veut se délier de ses engagements mais se sait contraint. Le Grand Mogol ne nomme pas Bababeck à la tête de la ville mais le chien de sa suite, Barkouf. Le grand vizir doit prendre ses ordres de lui mais n’arrive pas à l’approcher. Maïma, forte de leur ancienne connaissance, se propose d’être son interprète. Ceci lui permet de manœuvrer le grand vizir et en premier lieu d’empêcher le mariage entre Saëb et Périzade. De plus, sous le règne de Barkouf, les impôts diminuent et le trésor de la ville se vide au profit de la population. Bababeck, excédé, complote la mort de Barkouf. Mais Maïma demande aux conjurés de boire le vin empoisonné en premier … Pendant qu’il réfléchit, les Tartares attaquent la ville, profitant de la complicité du grand vizir. Saëb et Barkouf, aidés de la population, partent défendre la ville. Les Tartares sont vaincus mais Barkouf ne survit pas. Revient le Grand Mogol, qui nomme Saëb caïmacan. Ce dernier épouse enfin Maïma.

Comme toujours avec Mariame Clément, une attention soutenue a été portée au plateau. Dans le premier acte, il est dominé par l’orange (un acidulé proche de son Platée de 2010) et le blanc avec portrait du Grand Mogol et tribune. La tribune se retourne pour l’air dudit Mogol, mais dans une version très disco. Les deux actes suivants prennent place dans un magasin d’archives où les affidés de Bababeck essaient de maintenir les choses en place (de manière transparente, maintenir en place la tradition), avec au milieu une niche qui grandit démesurément entre le second et le dernier acte. Les costumes avaient une petite saveur d’Extrême Orient (Singapour ?), avec un arrière-goût de Bordurie pour les militaires (par les moustaches de Plekszy-Gladz !). L’inventive mise en scène a été un délice de presque tous les instants. Le tableau avec la liberté guidant le peuple était cependant trop forcé, comme les conspirateurs dotés de masques d’hommes politiques actuels (déclenchant des mouvements dans la salle). Le public aurait par exemple aussi compris des masques de Napoléon III pensons-nous, même 157 ans après la première et seule production au monde.

Côté chant, le chœur était un peu endormi au début de la pièce, mais la montée en rythme ne s’est pas faite attendre. Maïma était magnifique, Balkis d’une très grande présence scénique, Bababeck cabotin en diable, fourbe et veule à souhait. Saëb était peut-être un peu en retrait mais pas moindre en qualité. Musicalement, tout a été rondement mené, dans une partition très offenbachienne, très oratorienne.

(Périzade a la moustache, pas le général … 8,5)

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