Musique de Giuseppe Verdi et livret de Francesco Maria Piave.
Production de l’Opéra de Francfort-sur-le-Main.
Nous avons eu droit à un public assez dissipé ce soir-là … Entre celui qui émet un rôt sonore en début de second acte et celle qui fait la chouette à chaque fin d’air, on a eu droit aux bavards, au téléphone qui sonne pendant de longues minutes et autres manifestations intempestives. Ce ne fut pas le pire public qu’il m’ait été donné de voir dans un théâtre, mais c’était tout de même d’un niveau conséquent. Tout cela pour voir un bon mais pas exceptionnel opéra de jeunesse de G. Verdi, qu’il estimait peu et qu’il a refondu sept ans après la première représentation en un opéra appelé Aroldo (bien aidé par la censure en Italie).
Le pasteur Stiffelio revient de mission et est accueilli par sa femme Lina, le père de cette dernière, les cousins de Lina et le noble Raffaele. Stiffelio raconte que le nocher du château lui a raconté avoir vu un homme et une femme s’échapper au travers d’une fenêtre dudit château, laissant échapper des lettres. Ces mêmes lettres, Stiffelio les a en sa possession mais les brûle par charité. Lino et Raffaele, les deux amants, sont soulagés et conviennent d’un moyen de communiquer, au travers d’un livre de la bibliothèque. Une fois salué par ses amis, Stiffelio remarque l’absence de l’anneau de sa mère au doigt de Lina. Mais Stankar, le père de Lina, les interrompt pour presser Stiffelio à l’accompagner à la fête organisée en son honneur. Lina écrit alors une confession mais son père revient et comprend que sa fille est la femme vue par le nocher. Le père voulant sauvegarder l’honneur familial, lui et sa fille conviennent de garder cela pour eux. Raffaele rentre en scène et place un mot dans un livre mais est vu par Jorg, le collègue de Stiffelio, qui lui dit. Stiffelio constate que le livre est fermé par un cadenas dont Lina aurait la clef. Elle refuse de l’ouvrir mais Stiffelio réussit néanmoins forcer la serrure en détruisant le livre. Un mot s’en échappe mais Stankar est le plus prompt à s’en emparer. Il déchire le mot, à la grande fureur de Stiffelio.
L’acte suivant a pour cadre le cimetière. Lina se rend sur la tombe de sa mère mais Raffaele la rejoint. Elle lui demande de partir immédiatement. Stankar arrive et propose un duel à Raffaele. Stiffelio arrive à son tour, rappelant qu’ils sont dans un cimetière. Finalement, Stiffelio cherche à convaincre les deux hommes d’arrêter de se battre mais Stankar révèle que Raffaele est l’amant de Lina. Stiffelio souhaite alors se battre contre Raffaele mais l’heure du culte et Jorg stoppent cette tentative.
Le troisième acte démarre avec Stankar seul qui pense au suicide. Il commence à écrire une lettre à Stifelio. Jorg lui apprend que Raffaele va revenir au château et Stankar voit alors le moyen de se venger. Stiffelio rencontre Raffaele et lui demande ce qu’il ferait si Lina était libre. Il ne dit rien et Stiffelio lui demande de se cacher pendant qu’il parlera avec Lina. Stiffelio propose le divorce à Lina qui lui répond par une déclaration d’amour éternel. Stankar entre sur ces entrefaites et annonce qu’il a tué Raffaele, et Jorg rappelle à Stiffelio qu’il doit se rendre à l’église. A l’église, Stiffelio monte en chaire et n’ayant rien préparé il ouvre la Bible au hasard et lit les versets sur la femme adultère et son pardon.
La scène était très dépouillée, avec une maison en forme de croix aux armatures illuminées incluse dans deux cercles mobiles. La maison est relevée pour les scènes au cimetière ou à l’église pour ainsi former une croix érigée. Dans le fond, un mur blanc et lui aussi mobile laisse parfois apparaître une vingtaine de portes. Côté vestimentaire, Lina est en noir (avec des cheveux très long, un peu à la Marie-Madeleine), les hommes en costume. Les couleurs sont assez semblables, à tel point que l’on a pu presque confondre Stiffelio et Stankar. Le chœur est habillé dans des couleurs assez criardes, assez un petit rappel des années 1950.
La mise en scène a choisi de faire croire au public que Lina commet l’adultère à cause de la violence de son père et de son mari. Mis à part cela, le metteur en scène est resté assez classique, même si l’effet de la mort de Raffaele a plus fait rire par son excès que renforcé le tragique. Autre problème, le fait de devoir orienter la maison entre les scènes occasionne des délais qui cassent le rythme de la pièce. C’est particulièrement prégnant juste avant la dernière scène. La même maison ne cesse par ailleurs de bouger grâce aux deux cercles mobiles, ce qui n’apporte absolument rien. Par contre, les jeux de lumière ont créé d’intéressants effets d’ombre sur le mur blanc, notamment quand la foule s’éparpille façon attaque de zombies dans l’acte II.
Enfin, du côté de la musique, Stiffelio a eu quelques problèmes de diction (dans des parties pas toujours faciles il est vrai) et personne ne sort vraiment du lot. Malgré un orchestre bien en place et une exécution très très plaisante de cette partition éminemment italienne, les chanteurs n’ont pas réussi à transmettre les émotions que leurs personnages sont sensés éprouver (sauf Lina, une fois). Il y a des soirées comme ça …
Il a donc été plaisant de connaître cet opéra, pas aimé de son auteur et redécouvert en 1968, et qui maintenant est plus connu et plus joué que sa version refondue. Mais des fois on attend plus d’un opéra.
(la scène de résurrection dans le cimetière … bon … 6,5)