Isabel des feuilles mortes

Nouvelle de science-fiction de Ian MacLeod.

Un phare à éons.

Le monde de Gezira a subi un terrible conflit, la Guerre des Lys. Beaucoup des survivantes, puisque ce monde semble majoritairement féminin, sont recueillies par des cultes en les sortant de la mendicité pour les y intégrer comme acolytes.
Isabel est de celles-ci, intègre l’Eglise de l’Aube et elle devient Chanteuse de l’Aube après son noviciat. Ni laide ni moche, ni intelligente ni bête, elle se fond dans le décor. Rien ne la distingue. A tel point, alors que pourtant sa fonction demande un aveuglement, elle conserve la vue sans que personne ne le remarque. Jeune Chanteuse, elle a en charge le fonctionnement d’un phare à déflecteur sur une île isolée, devant grâce à ses miroirs (et comme partout sur cette planète à l’éternel été) apporter la lumière du soleil dans une vallée.

Son phare jouxte la Cathédrale du Mot, et dans la cour de celle-ci, aperçoit-elle en contrebas une danseuse le jour où un de ses miroirs a un défaut d’alignement. Voulant s’excuser du désagrément causé par la baisse de l’intensité lumineuse, elle descend et rencontre Genya, l’une des Bibliothécaires de cette grande bibliothèque qu’est la Cathédrale. Les deux jeunes femmes vont faire découvrir l’un l’autre leur univers (avec une suggestion de plus) sans penser que leurs deux églises gardent très jalousement leurs secrets … Un châtiment terrible s’abat sur chacune des deux femmes mais leur rencontre, légendaire depuis, a peut-être engendré du changement sur Gezira.

Cette très courte nouvelle de 37 pages ne semble avoir d’autre objectif que de compléter un peu le monde qu’utilise l’auteur dans deux autres œuvres, plus grosses. Et par son côté apéritif, cette nouvelle prend naturellement place dans un livre hors-série qui se déclare promotionnel : la seconde partie, sensiblement égale à la première en nombre de pages, est entièrement consacré à la présentation du catalogue de la collection. La qualité du texte, inédit, n’en est pourtant pas amoindri et quelques mots suffisent à mettre en place ce conte dans un monde aveuglé de lumière et accablé de chaleur, clairement orientalisant (minaret, chant à l’aube, langue arabe etc.), propice à la poésie. Cette histoire est-elle peuplée d’allégories ? Notre sentiment est que justement c’est l’inverse qui est l’objectif visé et que I. MacLeod veut mettre en scène le non-remarquable, tout en permettant de penser qu’une relation forte (de quelque type que ce fut), interdite à cause de son implication sur la bonne marche du monde, peut avoir une influence. Ou alors que c’est la punition qui fait changer le monde, et non pas la relation, au travers de l’acceptation par les autres qu’emporte l’exemple fait ?

(l’auteur aime donc la lumière … 7)